Le 14 décembre 2025, à Rennes, au centre culturel islamique Avicenne, une centaine de jeunes de 6 ans à 17 ans musulmans, chrétiens, juifs ou agnostiques s'est rassemblée. Encadrés par une vingtaine de jeunes bénévoles de 17 à 27 ans, ils sont venus partager la paix de la lumière de Bethléem.
La matinée a alterné des moments tous ensemble et un moment d'ateliers organisé par âge. Elle s'est clôturé par un délicieux couscous offer par le centre Avicenne, dans une convivialité qui a réjouit les ventres et les coeurs. Les moments rassemblés ont permis de faire corps tous ensemble. Les ateliers ont suscité une rencontre réelle des jeunes de diverses croyances, par âge, pour cultiver ensemble la paix. La joie et la paix qui se lisaient sur les visages ont revigoré et ému les participants.
Les 6-8 ans (farfadets chez les Scouts et Guides de France SGDF) ont réfléchi si En prenant soin de la nature, prenons-nous soin de Dieu / Allah / Adonaï et de la paix ? Partageant sur des arbres cités dans le Coran et la Bible, ils ont échangé sur les symboles dans leurs fois respectives. Puis ils ont récolté des feuilles pour constituer une fresque.
Les 8-11 ans (louveteaux et jeannettes chez les SGDF) ont creusé le socle commun entre les 3 religions monothéistes. Juifs, Musulmans et Chrétiens ont tant en commun ! Jésus était juif. Abraham est le père des 3 religions. Jérusalem et la Palestine sont des lieux saints pour les 3 religions. Marie et Jésus ont une place privilégiée dans le Coran et l'Islam.... Les enfants ont présenté un texte, où 4 bougies témoignent. Celle de la paix, puis celle de l'amour, et enfin celle de la foi s'éteignent de tristesse l'une après l'autre. Et la 4ème, celle de l'espérance, les rallume.

Les 11-14 ans (scoutes et guides chez les SGDF) ont réfléchi sur Comment nos conceptions du péché et du pardon contribuent-elles à la paix ? Le sujet peut paraître aride et poussiéreux. Finalement passionnant. Les jeunes ont distingué ce qui est une erreur (je me suis tompé car je ne connaissais pas la règle), d'une faute (je connaissais la règle, et je l'ai enfreinte), du péché (j'ai déchiré une relation). Leurs échanges concrets ont partagé des manières dont leurs religions proposent de s'en libérer pour rester en lien les uns avec les autres, avec la nature et avec Dieu/Allah/Adonaï, et surtout comment ils le vivent personnellement.
Les 14-17 ans (pionniers et caravelles chez les SGDF) se sont interrogés sur la pertinence des images de Dieu. Les musulmans ne représentent pas Allah dans leurs lieux de prière. Les statues, icônes et peintures ornent les églises. Les juifs hésitent même à nommer Dieu. L'image de Dieu le Père a barbe blanche incite-t-elle les filles et jeunes à chercher Dieu et sa paix en eux ? Ou rend-elle Dieu lointain ? Et quelle est la symbolique des représentations de Jésus et Marie avec une peau blanche ? Excluent-elles les personnes d'une autre couleur de peau ? La représentation de formes géométriques issues de la nature (fréquente dans les Mosquée) peut-elle inviter les croyants à se rappeler qu'ils font partie de la Création, qu'ils ne sont pas au-dessus des animaux et des autres êtres vivants, mais une partie intégrante ?

Des échanges passionnants. Parsemés de jeux, de mimes, de petits gâteaux, d'attentions multiples et discrètes les uns pour les autres, dans un profond élan généreux.
Bravo et merci au Directeur d'Avicenne Ahmed Aït Chikh d'avoir osé ouvrir les portes de son centre pour cette journée singulière. Gratitude pour la Commission jeunes d'Avicenne encadrée par Yasmine, qui fédère tant de jeunes rayonnants et généreux, venus dès 8h30 un dimanche matin préparer l'espace à accueillir les 120 personnes qui se sont rassemblées. Et admiration pour Julie Vergne, Responsable du Groupe SGDF de St Hélier, qui a réussi à coordonner la venue de tant de jeunes de tous les niveaux pour partager à Avicenne cette lumière si chère aux SGDF.
Un petit groupe d'adultes a pu échanger sur les défis à relever dans un pays où la laïcité est parfois vécue comme une nouvelle religion exclusive, au lieu de garantir un espace d'expression sans stigmatisation. L'inquiétude est vive face au raidissement de la société, et en particulier des politiques, à l'égard des musulmans.
Une trentaine d' "anciens" (au delà de 40 ans, et jusqu'à 95 ans) ont eu la chance d'être là car ils intervenaient dans les ateliers. Un administrateur d'Avicenne, qui avait été nommé par le fondateur du centre Edmond Hervé, ému aux larmes, a partagé que la vitalité de ces échanges était ce qu’il espérait pour le centre Avicenne depuis toutes ces années. Le Directeur d'Avicenne a souligné sa gratitude que les SGDF proposent de venir à la Mosquée avec une ouverture sincère. En co-créant l'événement, les communautés et groupes se sont vraiment rencontrés.
A bientôt pour la prochaine rencontre !

